mardi 8 janvier 2013

La page 1

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'Rond, rouge, petit' : Page 1


1915 :

1 : Vue des deux immeubles… Boucherie immeuble de
gauche, une jeune femme très belle se dirige vers
l’immeuble de gauche.


2 : Elle entre (porte cochère).


3 : Vue de sa chambre, elle est en petite tenue sur son lit
Off : Il était une fois une jeune fille très belle…très 
belle…


4 : Autre angle : Très belle…


5 : Elle est maintenant assise sur son lit.
Off : Et tous les jours, elle se mirait dans son miroir en questionnant:
La fille : Miroir, Miroir, suis-je la plus belle?


J'ai toujours du mal avec les pages 1 de mes bande-dessinées.
Oui, avec les pages 2 aussi, et les pages 3 etc hinhinhin, bon, mais les pages 1 c'est vrai,
y'a pas à tortiller, c'est impressionnant, tu veux pas louper ton entrée quoi. Pis faut pas non plus tergiverser, parce qu'il y a 125 pages derrière. Du coup, il y a eu plusieurs versions du découpage, j'ai dû laisser mûrir pour trouver quelque chose de 'clair'.


Première version page1(clic)
Je me suis finalement arrêté sur cette version du découpage qui donne les infos nécessaires à l'histoire, je me suis concentré sur la fluidité de la narration et le parcours de l’œil sur la planche, entre les textes et le dessin, de bas en haut et de gauche à droite.

Parce qu'ironiquement, cette garce de page 1 se tourne aussi vite qu'elle est lue, je veux dire, on arrête rarement sa lecture à la page 1 d'un bouquin.
Même si c'est à vomir, on tourne la page pour voir si ça se confirme par la suite.
La page 1 a donc son importance, mais, l'air de rien.
Arrêtons-nous dessus exceptionnellement.

Il fallait situer les immeubles, la fille aussi, 'très, très belle', sans partir dans des plans trop compliqués ou racoleurs (ma définition de ce dernier terme serait de mauvaise foi).
Introduire en somme.

Globalement, ' l'enjeu ' est donc  pour moi de comprendre, dans le scénario, les informations que je dois véhiculer par le dessin, au delà de l'aspect purement illustratif, et de donner ces infos de la manière la plus fluide possible puisque le but est de guider le lecteur pour le faire entrer dans l'histoire (et tourner la page pour découvrir les suivantes)(sans vomir).

Les timides premières recherches (p1)


Le dessin ? la couleur ?

Le dessin est crayonné, c'est le parti-pris après de nombreux essais qui m'a permis de me lancer pour de bon. J'ai eu beaucoup de difficultés à trouver 'le ton juste' pour dessiner l'histoire. Enfin, 'Mon' ton juste.

Il y avait l'époque d'abord, 1915, j'avais en tête les illustrations de cette période, un air de fusain. J'ai essayé un milliard d'encrages, de la plume au pinceau, encre et aquarelle, stylo ou tout-photoshop mais je n'arrivais à rien, je finissais par rajouter de la matière artificiellement sur mes encrages ou à nettoyer mes crayonnés jugés trop sales, je voyais toute cette énergie perdue et la somme de travail qui restait à fournir. J'ai bien failli sombrer dans le désespoir mon ami. Pourtant je ne suis plus tout à fait un bleu.


Ensuite, il y avait les personnages. Beaucoup de personnages, quelques-uns 'connus' (Le Père Léon ou Robin des bois par ex), 'hauts en couleur', avec des tronches raccords aux dialogues et d'autres plus lisses. Là aussi, je voulais trouver le ton juste entre un dessin 'comique' et un certain réalisme où je pourrais représenter 'Le loup' avec le Père Léon ou l'inspecteur adjoint avec Mlle Chapon dans une certaine unité, et sans préjugé sur le genre de l'histoire.

Je voyais aussi tout ça dans une ambiance un peu passée, une relative économie de teintes et une ambiance sépia qui contrasterait avec la deuxième partie du récit aux couleurs plus franches. Je voulais que ça vibre un peu, qu'il y ait un air d'impressionnisme charbonneux.

Enfin 'je voulais', je voulais... si j'avais eu le niveau de dessin nécessaire, un peu de talent de coloriste et une plus grande confiance en moi, je ne me serais pas posé toutes ces questions et ce livre serait déjà en train de caler le pied de la table de la cuisine de ta solderie. Il m'a fallu du temps, c'est comme ça...

Sinon je t'ai dit que c'était mon père le scénariste ?

La suite très vite...

Bandini.



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